Photo d'illustration de la Drug Lab

Urgences

Venir en aide

A partir du memento sur la prise en charge des urgences en contexte addictologique de nos partenaires du RESPADD.

Arrêt cardiorespiratoire

Description

De manière très simple, la personne fait un arrêt cardiaque quand elle est inconsciente et qu’elle ne respire plus ou respire très anormalement. Médicalement parlant, un arrêt cardiorespiratoire ou arrêt cardioventilatoire, plus communément appelé arrêt cardiaque, consiste en l’interruption simultanée de la circulation du sang et de la respiration chez une personne.

Produits psychoactifs le plus souvent impliqués en contexte addictologique

► Alcool

► Opiacés

► Stimulants majeurs

► Poppers, colles et solvants

i Ce qu’il faut savoir

Face à une personne inconsciente qui ne respire pas, ne bouge pas, ne tousse pas, il faut débuter un massage cardiaque le plus rapidement possible. Même réalisé par un non-secouriste, le massage cardiaque ne fait qu’augmenter les chances de survie de la victime. Si la personne n’est pas réellement en arrêt cardiaque les complications éventuellement entraînées par la réanimation

sont minimes comparées à l’enjeu majeur immédiat.

► Une crise convulsive peut révéler un arrêt cardiaque.

?Ce qu’il faut faire

► Appelez ou faites appeler le plus vite possible le 15 ou le 112 et, si possible, ne restez pas seul.

► Réclamez un défibrillateur automatisé externe (DAE) ou munissez-vous du DAE s’il est immédiatement disponible.

► Allongez la victime sur le dos sur un plan dur (pas sur un lit).

► Débutez une réanimation cardiopulmonaire le plus rapidement possible (si besoin se faire aider à l’aide de conseils téléphoniques donnés par le centre 15) :

  • agenouillez-vous à ses côtés ;
  • placez vos mains, l’une sur l’autre, au milieu de la poitrine de la victime ;
  • bras tendus, appuyez fortement avec le talon de la main, en y mettant le poids de votre corps, en enfonçant le thorax d’au moins 5 cm et au maximum de 6 cm, à une fréquence comprise entre 100 et 120 compressions par minute ;
  • entre chaque compression, relâchez complètement la pression sur la poitrine ;
  • réduisez au maximum les interruptions entre les compressions thoraciques.

Si vous êtes formé-e :

► faites 30 compressions suivies de 2 insufflations (bouche-à-bouche)

(une seconde par ventilation en vérifiant que le thorax se soulève) ;

Dans tous les cas :

► poursuivez la réanimation jusqu’à :

  • la mise en oeuvre d’un défibrillateur automatisé externe. Suivre ses instructions une fois qu’il est en place ;
  • le relais par les services de secours ;
  • ou la reprise de la respiration et de l’activité cardiaque.

Comment utiliser un DAE ?

Poursuivez la réanimation cardiopulmonaire jusqu’à l’arrivée du DAE.

Si la respiration redevient normale, arrêtez la réanimation, mais n’éteignez pas le DAE et laissez les électrodes en place sur la poitrine de la victime. Si celle-ci reste inconsciente, mettez-là sur le côté, en position latérale de sécurité.

1/ Dès que celui-ci est disponible, mettez-le en marche et prenez connaissance des instructions

figurant sur l’appareil. Pendant ce temps, si plusieurs personnes sont présentes, l’une d’elles doit poursuivre la réanimation cardiopulmonaire.

2/ Dénudez la poitrine de la victime et placez les électrodes à même la peau conformément aux instructions figurant sur leur emballage ou sur les électrodes elles-mêmes. Assurez-vous que personne ne touche la victime lorsque le DAE analyse son rythme cardiaque.

3/ Si un choc électrique doit être administré, assurez-vous que toutes les personnes présentes sont éloignées de la victime et de son environnement immédiat. Appuyez sur le bouton si cela vous est demandé. Un défibrillateur entièrement automatique administrera le choc électrique sans votre intervention.

4/ Si le DAE vous y invite, effectuez des compressions thoraciques sans tarder. Continuez à suivre les indications du DAE jusqu’à ce que la victime retrouve une respiration normale ou jusqu’à l’arrivée des secours.

POUR LOCALISER LES DAE, TÉLÉCHARGEZ L’APPLICATION STAYING ALIVE

Source : adapté à partir de www.croix-rouge.fr

Inconscience

Description

L’inconscience, ou « perte de connaissance », correspond à une situation où la personne ne parle pas et ne réagit pas aux stimulations visuelles, physiques et sonores alors qu’elle respire correctement.

i Ce qu’il faut savoir

Pour vérifier que la personne respire correctement :

► approchez la joue et l’oreille de la bouche et du nez de la victime et percevez ou écoutez la respiration ;

► observez les mouvements du thorax.

En attendant l’arrivée des secours, il est fortement conseillé de mettre en position latérale de sécurité (PLS) toute personne inconsciente qui respire.

► Cela évite la chute de la langue vers l’arrière et facilite l’évacuation des régurgitations, du sang et des vomissements vers l’extérieur.

► Cette position facilite la respiration, prévient des complications respiratoires mais ne doit pas conduire à faire cesser

la surveillance de la personne (notamment la respiration et le pouls).

Produits psychoactifs le plus souvent impliqués en contexte addictologique

► Alcool

► Opiacés

► Poppers, colles et solvants

► Hallucinogènes dissociatifs

► Tranquillisants et somnifères

?Ce qu’il faut faire

►Appelez à l’aide si vous êtes seul et appelez ou faites appeler le 15 ou le 112 afin de pouvoir être conseillé et aidé par un médecin urgentiste.

► Vérifiez l’état de conscience en demandant à la personne de serrer la main, d’ouvrir les yeux, de répondre à une question. Si elle ne répond pas et n’a pas de réaction, il faut considérer qu’elle est inconsciente.

► Dégrafez les vêtements serrés (col, foulard, ceinture, pantalon…).

► Si la personne se met à ne plus respirer correctement :

  • basculez prudemment la tête de la victime en arrière ;
  • assurez-vous que rien n’obstrue les voies respiratoires supérieures ;
  • retirez d’éventuels corps étrangers s’ils sont visibles.

Pour les intervenants expérimentés en contexte festif :  la consommation à forte dose de produits anesthésiants de type kétamine, méthoxéthamine (cf. Hallucinogènes) peut produire une inconscience de quelques minutes à une ou deux heures qui cesse avec la fin des effets du produit. Dans la plupart des cas, la personne est consciente mais « dans son trip », « coupée » de son corps et incapable de répondre aux sollicitations basiques ou très peu. Pour éviter une prise en charge médicale non nécessaire et les conséquences pour la personne au sortir des effets, privilégiez dans ces cas l’observation des signes vitaux (respiration régulière, rythme cardiaque, voire prise de la tension artérielle si possible).

MISE EN POSITION LATÉRALE DE SÉCURITÉ (PLS)

Si la victime porte des lunettes, ôtez-les-lui. Assurez-vous que ses jambes sont allongées côte à côte. Si ce n’est pas le cas, rapprochez-les délicatement l’une de l’autre de manière à les placer dans l’axe du corps.

1/ Disposez le bras de la victime le plus proche de vous à angle droit de son corps. Pliez ensuite son coude tout en gardant la paume de sa main tournée vers le haut. Placez-vous à genoux ou en trépied à côté de la victime.

2/ Saisissez l’autre bras de la victime d’une main, placez le dos de sa main contre son oreille, de votre côté. Maintenez la main de la victime pressée contre son oreille paume contre paume.

3/ Attrapez la jambe la plus éloignée de vous avec l’autre main, juste derrière le genou, et relevez-la tout en gardant le pied au sol. Placez-vous assez loin de la victime, au niveau de son thorax, pour pouvoir la tourner sur le côté vers vous, sans avoir à reculer.

4/ Faites rouler la victime en tirant sur sa jambe jusqu’à ce que le genou touche le sol. Dégagez doucement votre main de sous la tête de la victime en maintenant son coude de votre autre main afin de ne pas entraîner sa main et d’éviter toute mobilisation de sa tête.

5/ Ajustez la jambe située au-dessus de sorte que la hanche et le genou soient à angle droit.

6/ Ouvrez la bouche de la victime d’une main, avec le pouce et l’index, sans mobiliser la tête, afin de permettre l’écoulement des liquides vers l’extérieur.

Source : www.croix-rouge.fr

Hypothermie

Description

L’hypothermie est la baisse de la température du corps. En l’absence des instruments et/ou de la formation nécessaires pour mesurer cette température, on peut penser à une hypothermie face à certains symptômes. La difficulté est que ceux-ci diffèrent selon le degré de gravité de l’hypothermie. On distingue ainsi l’hypothermie légère, l’hypothermie modérée et l’hypothermie sévère.

Hypothermie légère (35 °C – 32 °C)

Description : Une personne en état d’hypothermie légère frissonne vigoureusement et présente une peau froide.

Son rythme cardiaque augmente et sa respiration est rapide.

Frissons : Permanents

Dextérité : Conservée

Conscience : Conservée

Fréquence respiratoire : ≥

Fréquence cardiaque : ≥

Hypothermie modérée (32 °C – 28 °C)

Description : En état d’hypothermie modérée, la personne est livide et ne frissonne plus. Elle est confuse, apathique. Elle présente une raideur des articulations et a une mauvaise coordination des mouvements.

Son rythme cardiaque baisse.

Sa respiration est plus lente.

Frissons : Absents

Dextérité : Absente ± rigidité

Fréquence respiratoire : ≥

Fréquence cardiaque : ≥

Hypothermie sévère (< 28 °C)

Description : La personne ne frissonne plus, est froide et rigide, n’a plus de réflexe, son état de conscience est très altéré et elle peut se présenter en état de mort apparente. Son pouls est très faible. Ses pupilles sont dilatées.

Frissons : Absents

Dextérité : Absente + rigidité

Conscience : Inconscient

Fréquence respiratoire : ≥≥≥

Fréquence cardiaque : ≥≥≥

Produits psychoactifs le plus souvent impliqués en contexte addictologique

► Alcool

► Opiacés

► Hallucinogènes dissociatifs

► Tranquillisants et somnifères

i Ce qu’il faut savoir

► L’hypothermie est favorisée par les conditions environnementales et par une exposition prolongée au froid mais peut avoir lieu en dehors de ces conditions, par exemple en été ou dans les situations de fortes amplitudes thermiques.

► L’hypothermie perturbe les grandes fonctions de l’organisme avec des variations qui sont fonction de la profondeur de la chute thermique.

?Ce qu’il faut faire

► Contactez le 15 ou le 112 sans délai.

► Isolez la personne du froid et du vent en la mettant à l’abri ou en la mettant dans un endroit chauffé.

► Evaluez le degré de sévérité de l’hypothermie et adaptez votre conduite (cf. encadrés ci-contre et ci-dessous).

► Dans tous les cas : surveillez l’évolution : frissons, dextérité, conscience, respiration, pouls, température si vous disposez de l’équipement nécessaire.

► Parlez et réconfortez la personne.

VICTIME CONSCIENTE + FRISSONS PERMANENTS

  • Si la personne a séjourné dans l’eau, enlevez les vêtements humides ou mouillés
  • Séchez la victime
  • Enveloppez la victime de vêtements secs + couverture de survie
  • Couvrez tête + mains + pieds
  • Poches d’eau tiède (sans contact direct avec la peau)
  • Donnez une boisson chaude sans alcool

VICTIME NE FRISSONNE PLUS + PERTE DE DEXTÉRITÉ

► Troubles de la conscience

  • Ne déshabillez pas
  • Couverture de survie
  • Surveillez constamment la ventilation
  • Mettez sous oxygène (si formé-e et habilité-e)
  • Mettez en position latérale de sécurité (PLS)
  • Réanimation cardiopulmonaire au moindre doute

► Inconscient avec ventilation

  • Si la personne a séjourné dans l’eau, enlevez les vêtements mouillés en mobilisant au minimum la victime (au besoin coupez les vêtements)
  • Séchez prudemment sans frictionner
  • Enveloppez la victime de vêtements secs + couverture de survie
  • Couvrez tête + mains + pieds
  • Ne donnez pas de boisson

► Inconscient sans ventilation

  • Réanimation cardiopulmonaire

Source : adapté d’après un document de la Société nationale de sauvetage en mer.

Hyperthermie

Description

L’hyperthermie désigne une augmentation de la température du corps, distincte de la fièvre d’origine infectieuse. En l’absence des instruments et/ou de la formation nécessaires pour mesurer cette température, l’hyperthermie doit être suspectée si on observe :

  • des signes physiques : une peau chaude et rouge ; une fatigue brutale ; une sueur profonde ;
  • une soif intense ; des crampes ; trismus (verrouillage ou crispation de la mâchoire qui ne peut plus s’ouvrir normalement) ; mydriase (dilatation de la pupille) ; des symptômes digestifs (nausées, vomissements) ;
  • (parfois) des signes psychocomportementaux : agressivité ; agitation et excitation ; désorientation.

i Ce qu’il faut savoir

► L’hyperthermie est favorisée par les conditions environnementales et l’exposition prolongée à la chaleur, et est majorée par l’effort physique.

► L’hyperthermie est une urgence médicale qui met en jeu le pronostic vital (risque de mort si la température est supérieure à 41,6 °C). Pour la prise en charge, il ne faut pas trop refroidir la surface du corps, car les vaisseaux sanguins vont alors « se refermer » (vasoconstriction), ce qui va ralentir la régulation de la température centrale.

Produits psychoactifs le plus souvent impliqués en contexte addictologique

► Stimulants majeurs

?Ce qu’il faut faire

Lorsque l’hyperthermie est avérée, il faut en premier lieu faire en sorte de rafraîchir la victime.

► Appelez le 15 ou le 112 dans les plus brefs délais, notamment si la victime est inconsciente.

► Éloignez la personne de la source de chaleur, mettez-la à l’ombre.

► Dégrafez les vêtements trop serrés et enlever les vêtements chauds (veste, pull, etc.).

► Couchez-la avec la tête posée sur un coussin.

► Mettez-la dans un courant d’air (ou près d’un ventilateur).

► « Brumisez-la » ou aspergez-la d’eau légèrement fraîche.

► Posez des poches d’eau froide aux plis (aisselles et aisnes).

► Calmez la personne, évitez qu’elle fasse des efforts.

L’ensemble de ces techniques de refroidissement passives par voie externe nécessite un massage cutané afin d’éviter de ne refroidir que l’enveloppe et d’assurer un retour veineux de qualité.

Crise convulsive

Description

Une crise convulsive est la survenue brutale et inopinée de contractions musculaires involontaires pouvant concerner un muscle isolément, un groupe de muscles ou l’ensemble du corps.

On distingue deux phases dans la crise convulsive :

  • la phase dite « tonicoclonique » pendant laquelle surviennent les convulsions et qui ne dure en général que quelques minutes ;
  • la phase dite « postcritique » pendant laquelle la personne est relâchée, n’a plus de convulsion, est dans un état semi-conscient et présente des difficultés respiratoires.

Cette phase dure de plusieurs minutes à plusieurs heures pendant lesquelles la personne retrouve progressivement un état de conscience normal.

Produits psychoactifs le plus souvent impliqués en contexte addictologique

► Alcool

► Opiacés

► Stimulants majeurs

► Tranquillisants et somnifères

i Ce qu’il faut savoir

► Les crises convulsives sont impressionnantes mais il ne faut pas s’affoler.

Vous pouvez venir en aide à la personne en crise.

► Pendant la phase tonicoclonique l’objectif premier est d’éviter que la personne ne se blesse en la protégeant.

► Contrairement à une idée reçue, il ne faut pas mettre ses doigts ou une cuillère dans la bouche de la personne.

?Ce qu’il faut faire

En phase tonicoclonique

► Appelez le 15 ou le 112 et notez l’heure de début de crise.

► Placez quelque chose de mou sous la tête et le cou afin de prévenir les blessures. Vous pouvez utiliser ce que vous avez sous la main comme un oreiller ou un vêtement plié.

► Écartez tout objet dangereux pour s’assurer que la personne ne se blesse pas.

► Ne tentez pas d’immobiliser la personne. Vous ne pouvez pas interrompre

la crise en retenant ou en secouant la personne. Si vous tentez de l’immobiliser, son corps entier se mettra à se contracter et elle pourrait se blesser ou vous frapper accidentellement.

En phase postcritique

► Tournez la personne sur le côté pour prévenir la suffocation : durant une crise, la personne peut vomir ou saliver abondamment. Pour s’assurer qu’elle ne s’étouffe pas, tournez-la sur le côté de façon à permettre à la salive et à d’autres liquides de s’écouler et ainsi aider à dégager les voies respiratoires.

► Voir position latérale de sécurité

Eléments généraux concernant les états de "crise"

Description

La crise peut être définie comme la perte d’un équilibre ressenti.

Elle peut se manifester de différentes façons : incapacité de faire face à des événements ou des émotions ; sentiment d’impuissance ; comportements inhabituels et/ou inadaptés ; etc.

Il existe deux types principaux de crise :

1) la crise émotionnelle : la personne est submergée par l’émotion soit en lien direct avec les effets du produit, soit parce que le produit a fait (re)surgir un événement heureux ou au contraire traumatique ;

2) la crise psychologique : la personne fait face à un questionnement ou à une préoccupation si forte qu’elle ne peut penser à rien d’autre. L’objet du questionnement peut être existentiel ou plus anodin, en rapport avec son vécu ou bien avec le contexte du moment.

La crise revêt toujours une expression psychocomportementale associée à la rupture d’équilibre, souvent sous la forme d’une modification de l’activité psychomotrice qui pourra aller d’une prostration/inhibition totale à une agitation majeure. Elle peut également s’accompagner d’idées suicidaires.

i Ce qu’il faut savoir

► Les raisons de la crise peuvent être multiples. Il est possible de la décrire de manière artificielle en plusieurs phases :

Pré crise / crise posite / rémission / post crise

?Ce qu’il faut faire

Face à une personne qui est en crise, le principe est d’opter pour une stratégie d’apaisement ou de réconfort.

Phrases possibles

► « Vous semblez énervé(e)/ inquiet(-ète) »

► « Que puis-je faire pour que vous alliez mieux ? »

► « Qu’aimeriez-vous que je fasse ? »

► « Je suis à votre disposition pour vous aider »

► « J’essaie de bien comprendre votre situation »

► « Les effets du produit vont se dissiper »

Phrases inadéquates (car trop directives)

► « Restez poli »

► « Arrêtez de… »

► « Ce n’est pas comme ca que vous allez réussir »

► « Mais qu’est-ce que vous croyez, … »

► « Ou bien vous faites … ou bien je fais … »

Phrases à ne pas dire

► « Ce n’est pas comme ça que ça se passe »

► « Ce n’est pas comme ça quenous faisons »

► « Là, vous vous trompez »

► « Tout le monde sait que … »

► « Si vous pouviez revenir à l’essentiel »

► « Si vous aviez bien écouté … »

► « C’est contre le règlement »

Le suivi d’une personne en crise, phase par phase

► PHASE DE DÉCLENCHEMENT

Si la prise d’un produit psychoactif (sa nature, son dosage, sa connaissance par le consommateur) fait partie du contexte de déclenchement, il n’est pas forcément l’élément déclencheur de la crise. L’état psychologique antérieur de la personne, ses relations aux autres, son niveau de fatigue, l’environnement extérieur figurent parmi les principaux facteurs déclencheurs qui ne sont pas liés au produit.

Que faire ?

INFORMER et PRÉVENIR

La personne peut être informée sur les effets attendus du produit et sur les précautions qu’elle doit prendre si elle est déterminée à consommer la substance choisie : de ne consommer qu’une faible dose, de ne pas multiplier les prises même s’il n’y a pas d’effet immédiat, d’éviter de mélanger différents produits. Les informations concernent aussi les conditions de la prise telles que le fait de ne pas rester seul, de s’hydrater, de s’alimenter et d’éviter les consommations en cas de fatigue importante et si le moral est mauvais.

Les substances telles que les hallucinogènes et la cocaïne sont particulièrement agressives chez les personnes souffrant de troubles psychiatriques et peuvent être des facteurs de décompensation de ces maladies.

►ACMÉ DE LA CRISE

La personne est sous l’effet du produit (relaxation, détente, euphorie, évasion, etc.). Le vécu subjectif est plutôt positif chez le consommateur mais l’effet recherché peut s’avérer plus intense que prévu au point de ne pas pouvoir en maîtriser les émotions et les perceptions provoquées par le produit.

Par contre, lorsque l’effet obtenu n’est pas celui attendu, le vécu de la personne peut alors devenir très négatif. C’est le fameux « bad trip ». Les manifestations peuvent être très variables d’un sujet à un autre. Il peut s’agir d’une agitation psychomotrice, d’hallucinations visuelles ou auditives, d’un trouble délirant tel un sentiment important de persécution (la personne peut avoir l’impression d’être poursuivie et menacée). Ces manifestations génèrent systématiquement une anxiété importante et parfois s’accompagnent d’une charge émotionnelle intense.

La crise peut durer quelques minutes à quelques heures. Lorsqu’elle se prolonge, elle nécessite une prise en charge spécialisée et le plus souvent en structure psychiatrique. La durée, les manifestations de la crise et les fragilités sous-jacentes de la personne vont alors déterminer le pronostic. Une partie des personnes recouvrera son état antérieur en quelques jours et on parlera alors d’épisode de pharmacopsychose. Chez les personnes pour qui la récupération est beaucoup plus complexe, on peut s’interroger sur l’existence d’un trouble psychiatrique sous-jacent.

Que faire ?

PROTÉGER, ACCOMPAGNER et RASSURER

La personne est en situation de vulnérabilité et doit être protégée et rassurée. Cela peut aussi signifier éviter toute attitude aggravante telle que de surélever une personne agitée au risque qu’elle ne tombe, d’utiliser une lumière puissante qui sera très agressive chez une personne sous l’effet de substances.

C’est probablement le cas d’urgence qui fait le plus appel à la créativité. Parfois dire à la personne « Bois un verre d’eau, ça ira mieux » suffit. D’autre fois l’accompagnement durera plusieurs heures. Dans le cas des crises émotionnelles (pleurs, peurs, joie), il arrive que la seule chose à faire soit de prendre la personne dans les bras.

Un discours calme et bienveillant permettra à la personne de se situer dans le temps et dans l’espace et de s’apaiser dans ce moment délicat.

C’est aussi le moment où il est pertinent de recueillir un maximum d’informations sur les conditions de la crise, sur le produit consommé et sur les témoignages de l’entourage. La vigilance doit être maintenue tant que les manifestations liées au produit n’ont pas disparu et que la personne n’a pas recouvré un comportement et un discours totalement adaptés.

►PHASE DE RÉMISSION

Elle correspond à la phase de récupération dont le délai est variable et dépend de nombreux paramètres tels que la cinétique du produit consommé, la dose ingérée, les autres produits associés, le contexte et l’environnement ainsi que les facteurs individuels de la personne.

Pendant cette phase, des manifestations semblables à la crise sont possibles et le plus souvent a minima tel l’écho d’une onde. Elles peuvent être assez mal vécues, car la personne pensant être sortie de la crise replonge dans les manifestations émotionnelles ou psychologiques déstabilisantes.

Que faire ?

VEILLER

Une fois l’acmé de la crise passée, il est bon de garder la personne en observation quelque temps encore afin de pouvoir intervenir rapidement en cas de nouvelle crise. Il est recommandé d’offrir à la personne un espace rassurant où elle pourra rester durant cette phase. Les amis ou toute personne bienveillante envers la personne en difficulté sont bienvenus dans cet espace.

Parfois la personne a besoin de se reposer, il convient alors qu’elle puisse s’allonger jusqu’à parfois s’endormir. Au contraire, dans d’autres cas, souvent avec des produits stimulants, après un épisode de crise émotionnelle ou psychologique, la personne a besoin de bouger, d’être active ou créative pour « se vider la tête », ne pas retomber dans cet état. Il convient alors de pouvoir proposer à la personne selon le lieu et le matériel à disposition, la possibilité de pouvoir sortir se dépenser, de dessiner ou d’écrire, d’aller danser.

► RETOUR À L’ÉTAT DE « BASE »

La personne a récupéré toutes ses capacités cognitives et ne ressent plus de perturbations liées au produit. Elle prend connaissance de ce qui s’est passé pendant ces dernières heures (sachant qu’il existe dans certaines situations une amnésie totale des faits).

Dans certains cas, les personnes peuvent avoir, pendant toute la durée de la crise, conscience du caractère anormal de leur comportement.

Au décours de la crise, elles peuvent alors exprimer une culpabilité et un sentiment de honte vis-à-vis de l’entourage qui a supporté leur discours et leurs actes.

Ce moment est propice à ce qu’on nomme un débriefing.

Que faire ?

DÉBRIEFER

C’est le temps du débriefing où il est possible et souvent utile de reprendre avec la personne les différentes étapes de la crise. Cela veut dire expliquer ce qu’il s’est passé, dédramatiser la situation et accompagner la personne dans ses commentaires. Il ne s’agit pas de pousser la personne en situation de confiance à livrer des événements personnels qu’il sera ensuite impossible d’accompagner dans le cadre d’un processus psychothérapeutique. Si elle le fait toutefois, il est alors utile de connaître les ressources locales de soins et de proposer à la personne qui vient de vivre un moment difficile une rencontre avec des professionnels de ces structures.

Dans la majorité des situations rencontrées, un simple échange bienveillant suffit à la personne pour reprendre le cours de sa vie.

Crise de panique, crise d'angoisse

Description

Une attaque de panique (également appelée crise d’angoisse ou crise de panique) est un épisode transitoire de sensations de peur (anxiété) et d’inconfort intenses, d’installation typiquement brutale et durant quelques minutes à plusieurs heures. Les symptômes physiques (cf. ci-dessous) sont associés à des sensations de perte de contrôle ou de danger imminent sans lien avec la réalité. L’intensité des symptômes va alimenter et aggraver la peur ressentie par la personne qui a l’impression de perdre totalement le contrôle.

i Ce qu’il faut savoir

►  Médicalement, l’attaque de panique est définie par la présence d’au moins quatre des symptômes de la liste ci-dessous,

atteignant leur paroxysme en moins de 10 minutes :

• palpitations • transpiration • tremblements ou secousses musculaires • sensation de souffle court ou d’étouffement • sensation d’étranglement • douleur ou gêne dans la poitrine • nausées ou gêne abdominale •

sensation de vertige, d’instabilité, de tête légère ou impression d’évanouissement • sentiment d’irréalité ou d’être détaché de

soi-même • peur de perdre le contrôle ou de devenir fou • peur de mourir • sensation d’engourdissements ou de picotements dans les mains • frissons ou bouffées de chaleur

►  Certains facteurs comme le stress peuvent favoriser la survenue de telles crises.

En cas d’attaques de panique récidivantes, elles peuvent entrer dans le cadre d’un trouble panique.

?Ce qu’il faut faire

► L’objectif est de rassurer et calmer la personne. L’entretien de réassurance est préconisé.

► Faites sentir à la personne qu’elle est bienvenue.

► Identifiez-vous clairement.

► Si la crise est liée à la prise d’un produit, assurez la personne que son état psychique est dû aux effets de la

substance, qu’il est réversible et que les symptômes de l’angoisse vont disparaître dans un certain laps de

temps ;

  • Si la personne a consommé des stimulants et est au début des effets (« montée »), invitez-la à ne pas essayez de lutter contre eux. Les stimulants donnent envie de s’exprimer, de bouger, de toucher… Il ne faut donc pas entraver ces élans mais les canaliser : activité physique, chewing-gum…
  • Si la personne a consommé des stimulants et est à la fin des effets (« descente ») privilégiez le calme et l’invitation au repos : baisse de la luminosité, chuchotement, position assise ou allongée, tisane…
  • Si besoin laissez-la dormir en revenant la voir régulièrement et en lui signalant que vous êtes là si besoin.

► Aidez la personne à verbaliser son vécu.

► Répétez et confirmez ce que dit la personne.

► Fournissez des informations simples et concrètes.

Produits psychoactifs le plus souvent impliqués en contexte addictologique

► Stimulants majeurs

► Hallucinogènes

► Cannabis

Confusion et incohérence

Description

La confusion mentale est un syndrome clinique caractérisé par une altération de la

conscience qui se traduit par une désorientation temporospatiale et des difficultés de

perception. Elle représente un trouble aigu fréquent.

i Ce qu’il faut savoir

La confusion mentale se traduit par :

  • un trouble de l’attention ;
  • une désorientation temporospatiale : altération de la reconnaissance de l’environnement ;
  • une perturbation des opérations intellectuelles complexes : altération de la pensée avec baisse
  • de l’efficience intellectuelle, propos incohérents, défaut de pensée logique ;
  • une perte du contrôle de soi ;
  • des perturbations émotionnelles et affectives fréquentes.

► Il s’agit le plus souvent d’un état aigu, réversible avec le trouble qui l’a fait naître.

► En contexte addictologique, cet état est très souvent lié au sevrage brutal d’un produit après une intoxication prolongée (alcool, hypnotiques, etc.).

?Ce qu’il faut faire

► Appelez le 15 ou le 112

► Assurez la surveillance

► Réassurez la personne

► Réorientez la personne : pour cela vous pouvez poser deux questions :

  • « Où sommes-nous ? » ;
  • « Quel jour sommes-nous ? ».

Pour les intervenants expérimentés en contexte festif : la consommation d’hallucinogènes, de kétamine, de MDMA

peut conduire à une désorientation temporaire. Pour éviter une prise en charge médicale non nécessaire et les conséquences pour la personne au sortir des effets, privilégiez dans ces cas l’observation et la surveillance. Si cet état perdure plus d’une heure, contactez les secours.

Produits psychoactifs le plus souvent impliqués en contexte addictologique

► Alcool

► Stimulants majeurs

► Poppers, colles et solvants

► Hallucinogènes

► Tranquillisants et somnifères

Etats d'agitation psychomotrice

Description

L’état d’agitation psychomotrice est un symptôme non-spécifique souvent associé à une importante violence et agressivité dirigées vers la personne elle-même ou une autre personne.

La catatonie est un cas particulier d’agitation, c’est une forme de discordance comportementale majeure avec une perte de l’initiative motrice (stupeur) et une rigidité musculaire.

Ce ralentissement psychomoteur extrême peut faire brutalement place à une excitation désordonnée (fureur catatonique) et redoutable.

?Ce qu’il faut faire

► Pour des raisons de sécurité, le premier contact avec une personne agitée se fait en groupe et il faut s’assurer de l’adhésion de l’équipe présente. Avant d’intervenir, une évaluation de la situation s’impose : observation de l’intensité, du déroulement dans le temps (intermittent, permanent) et de l’agitation exprimée. Repérez les signes éventuels de violence.

► Mettez la personne à l’abri dans un endroit calme ou sécurisez l’endroit en éloignant les personnes non-concernées ou des personnes qui pourraient être à l’origine de l’agitation.

► L’écoute : on rencontre souvent une agitation mixte (verbale et gestuelle).

La forme du langage et son contenu renseignent sur les préoccupations de la personne. Prenez au sérieux les menaces éventuelles exprimées.

► L’entretien de désescalade

  • Etablissez un contact physique ; touchez la personne, en lui serrant la main pour la saluer ou en lui prenant le pouls.
  • Laissez parler la personne ; si elle ne parle pas, demandez-lui de quoi elle souffre.
  • Reflétez les paroles de la personne pour lui montrer vos efforts d’empathie.
  • Prenez au sérieux la personne et parlez-lui des situations « déclenchantes ».
  • Expliquez ce que l’on fait, ce que l’on va faire.
  • Ne réagissez pas à des provocations, évitez l’opposition frontale et le jugement
  • Informez sur les conséquences d’un éventuel comportement violent de sa part.

Produits psychoactifs le plus souvent impliqués en contexte addictologique

► Alcool

► Stimulants majeurs

► Stimulants mineurs

► Hallucinogènes

► Cannabis

Etat délirant aigu, "crise de paranoïa"

Description

La bouffée délirante aiguë est un trouble du fonctionnement de la pensée atteignant particulièrement les capacités de jugement et de déduction ainsi que les perceptions. Le délire est soudain. Il se caractérise par son mécanisme (hallucinatoire, interprétatif), son thème (mystique, jalousie, persécution, etc.), le degré d’envahissement, le degré d’organisation, le degré d’adhésion du sujet. Dans l’état délirant aigu, la personne passe du coq à l’âne, elle est incohérente et l’expérience délirante est vécue avec une conviction absolue.

Produits psychoactifs le plus souvent impliqués en contexte addictologique

► Stimulants majeurs

► Hallucinogènes

► Cannabis

i Ce qu’il faut savoir

► Le trouble délirant bref est un épisode fréquent survenant chez un sujet sans antécédent de même nature. Il touche

généralement un individu assez jeune (âgé de moins de 30 ans). Il peut survenir dans un contexte de stress psychosocial ou environnemental marqué, ou encore au décours de la prise de certains produits psychoactifs.

?Ce qu’il faut faire

► La disponibilité de l’intervenant à l’écoute de la personne est essentielle. On comprend par là qu’il ne s’agit pas d’adhérer à son discours qui est complètement délirant et incompréhensible. Il faut simplement la mettre en confiance, l’écouter sans angoisse ni agressivité, en sachant que si la personne utilise agressivité et sarcasmes à l’égard de l’intervenant, cela sert à masquer son désarroi ou sa détresse liés à l’expérience qu’elle traverse. Il faut opter, dans la mesure du possible, pour une attitude positive.

► La persistance des troubles ou leur augmentation après la fin des effets du produit nécessite une prise en charge psychiatrique.